28 Avril 2005 : Le Figaro
Dans son premier livre, Le Harcèlement moral, la violence perverse au quotidien (Editions La Découverte et Syros), qui connut un succès inattendu (450 000 exemplaires vendus en France), Marie-France Hirigoyen, psychiatre et psychanalyste, avait mis au jour un véritable fléau social.
Elle creusa le sillon par un deuxième ouvrage, Malaise dans le travail, harcèlement moral : démêler le vrai du faux (La Découverte et Syros). C’est le même phénomène mais tel qu’il se manifeste dans l’intimité qu’elle étudie maintenant dans Femmes sous emprise, les ressorts de la violence dans le couple..
LE FIGARO. – Une enquête réalisée en 2000 à la demande du secrétariat aux Droits des femmes le révélait : une femme sur dix était victime de violence conjugale chaque année et cela dans tous les milieux sociaux. Ces résultats furent contestés.
Marie-France HIRIGOYEN. – Oui, Elisabeth Badinter, notamment, a reproché à l’enquête de placer sur le même plan les violences physiques et psychologiques et par là d’amener les femmes à se poser abusivement en victime. Certes, il ne faut pas confondre l’agressivité normale (les scènes de ménage où les insultes peuvent fuser, des assiettes voler), avec la violence caractérisée qui procède d’un mode de relation asymétrique, où l’un est sous l’emprise de l’autre. L’enjeu de la violence dans le couple, c’est la domination. Certaines femmes qui n’ont jamais été battues, vivent néanmoins dans la terreur et ne savent pas repérer les comportements abusifs.